Louis Charles Gillet de la Jacqueminière (1752 – 1836), figure de la Révolution

Louis Charles Gillet de la Jacqueminière, né en 1752 à Saint Julien du Sault, était propriétaire du domaine de la Jacqueminière, acquis par son père Jacques Gillet, conseiller du Roi en l’élection de Joigny. Il épouse en 1775 la sœur du célèbre avocat Hardoin de la Reynerie.

Franc-maçon dès 1777, il devient à cette date directeur de la poste aux chevaux, charge que possédait la famille de son épouse. Il est élu maire de Joigny en 1787[1]. Procureur syndic du département de Joigny en 1789, il est nommé député du tiers-état pour le baillage de Montargis aux Etats Généraux. Lorsque ceux-ci se transforment en Assemblée Constituante, il est nommé membre du Comité d’agriculture et de commerce, puis devient secrétaire de cette assemblée en août 1790. Il prête le serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789[2], est membre du club des Feuillants[3]. Actif, Il présente une motion sur le paiement des impôts, parle sur le décret relatif à la conservation des forêts, donne lecture d’un rapport touchant les droits de minage, péage, etc. Il présente encore diverses observations relatives à la suppression du privilège de la Compagnie des Indes[4], aux affaires des postes et des messageries, à l’exercice des droits de citoyen actif par les fonctionnaires publics.

Ne pouvant, comme membre de la Constituante, se présenter à la députation, il est nommé, en 1791 inspecteur des postes, en 1792 membre du bureau de conciliation de Montargis, en 1796 (an III) maire de Courtenay. Il quitte ce dernier poste pour entrer, le 26 germinal an VII, au Conseil des Cinq-Cents comme député du Loiret. Il s’y montre favorable au coup d’État du 18 brumaire, et est appelé par Bonaparte (4 nivôse an VIII) à faire partie du Tribunat.

C’est comme orateur de cette assemblée qu’en 1807 il soutient devant le Corps législatif le projet de loi qui crée une Cour des comptes. Le projet de loi adopté, Gillet de la Jacqueminière fait partie aussitôt du nouveau corps en qualité de conseiller-maître (28 septembre de la même année). Il y reste jusqu’en 1830.

Il aura vendu en 1826 le domaine de la Jacqueminière au notaire Jean Quenard.

Il est nommé chevalier de l’Empire le 3 juin 1808 et chevalier de la Légion d’honneur.

A sa mort en 1836, Le Journal de Paris du 13 avril écrit : « l’un des derniers et honorables débris de l’assemblée constituante vient de mourir à Paris à l’âge de 84 ans».

Cet article a été publié dans le numéro 48 du bulletin de l’association Epona


[1] Sous l’ancien régime, les maires achetaient leur charge. Au cours du XVIIIème siècle, le Roi rend par intervalle le droit d’élection aux maires pour le leur reprendre peu après. À chaque fois, en transformant la fonction de maire de charge élective en charge vénale, il fait rentrer de l’argent frais dans les coffres de l’État.

[2] Le 20 juin 1789, 576 députés majoritairement du Tiers Etat se réunissent dans la salle du Jeu de Paume à Versailles et jurent de ne se séparer que quand la France aura une constitution.

[3] Fondé le 18 Juillet 1791, le club des Feuillants est un groupe politique de tendance monarchiste constitutionnelle.

[4] La compagnie des Indes Orientales et de la Chine, créée en 1785, détenait le privilège (monopole) du commerce au-delà du cap de Bonne-Espérance.


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